Cet enfant qui nous déborde: enfants difficiles, professionnels en difficulté

par Marie Galopin Ven 15 Déc - 9:28

Conférence Pikler du 12 décembre 2017

Cet enfant qui nous déborde : enfants difficiles, professionnels en difficulté

Isabelle DELIGNE, médecin

Ce sont les émotions que ces enfants provoquent en nous qui nous déborde ! il est important de ne pas rester seul mais de se tourner vers un groupe pour en parler et être soutenu.

Les élans pulsionnels dans le développement du bébé (excitation, avidité, violence,…) sont nécessaires à sa survie mais le troublent… ces élans sont d’autant plus multipliés dans la collectivité.

Selon Miriam RASSE « ce ne sont pas les enfants qui sont difficiles mais la vie qu’on leur propose ».

La mise en groupe de l’enfant avant la construction forte de son SELF est « dangereux » s’il ne peut pas s’appuyer sur des liens familiaux forts.

Les enfants sont mis en crèche, selon les parents, pour la socialisation, alors qu’il est trop tôt pour lui de prendre en compte l’autre. à seulement possible quand on a fini de faire le tour de la connaissance de soi-même. (Socialisation : prendre en compte l'autre sans renoncer à être soi même

Les professionnels doivent accompagner les enfants selon son propre développement à lui. Cependant comprendre n’est pas tout accepter : il faut lui donner un cadre.

Durant la première année, l’enfant fait le test entre le vivant/non vivant à cela implique des explorations et/ou des rencontres avec l’autre (n’est pas seulement intéressé par les objets).

Il faut proposer des choses à l’enfant lorsque l’on sait compétent et que les conditions favorables sont réunies pour la rencontre.

Exemple :

-le poser sur le tapis après un temps individuel (repas et change) où il va pouvoir explorer les jeux seul sur la tapis

-après son exploration seul et la satisfaction d’avoir réussi à faire quelque chose, il est prêt à rencontrer l’autre.

Lorsque l’enfant se sent compétent, il a moins envie d’aller titiller les autres… à les professionnels doivent avoir confiance en leurs capacités et leur permettre d’exprimer leurs pulsions,… cela permet de réduire les frictions.

« Les enfants ont besoin de bouger pour apprendre »

Les enfants se confrontent aux principes de réalité du corps et des objets àcela leur permet de diminuer la frustration en cas d’échec et aide à construire une base solide pour sa personnalité.

è Construire ses propres limites corporo-psychiques permet ensuite de mieux contenir la frustration.

Il est indispensable que l’enfant modifie la rencontre pour pouvoir construire sa personnalité : le laisser agir (sans le laisser tout faire) pour lui donner le choix. Il est important de ne pas contraindre un enfant dans le groupe (ATTENTION aux phrases « les moyens faites comme ça…) mais de lui proposer des moments d’échanges individuels de qualité.

Il faut installer les conditions de la compétence de l'enfant, lui permettre d’être actif d'une manière souhaitable dans le vivre ensemble.

Ce sont dans les moments proches de l’adulte que l’enfant se renforce et peut mieux agir dans le groupe ensuite et lui permettre de rencontrer l’autre.

Les professionnels doivent faire attention à ne pas trop lui reprocher ses actions mais réfléchir à comment le guider.

L’enfant ne doit pas perdre l’attention continue de l’adulte même lorsqu’il est hors de lui. à lui proposer un espace sécurisé et sécurisant pour lui mais où il peut toujours voir l’adulte.

L’enfant qui commence à « jouer à faire mal » en utilisant des objets mous (tissus,..) plutôt que des objets durs (légos, poupée,…) est sur le bon chemin même s’il doit continuer à être accompagné et guidé.

Observer l’enfant pour pouvoir voir le chemin de la socialisation qu’il est en train de construire. Regarder la situation avant et après le moment « difficile » pour pouvoir observer l’enfant dans son ensemble et que les professionnels puissent voir là où il en est.